BERGER BLANC: QUÉBEC COUPABLE par Danielle Doyon

Le 21 avril dernier, Radio-Canada diffusait un reportage sur les pratiques de la plus grosse fourrière au Canada, le Berger Blanc. Suite à de nombreuses plaintes et rumeurs et à la demande d’une citoyenne et d’une journaliste de Radio-Canada, la SPA décida d’infiltrer dans les murs de cette compagnie un de ses collaborateurs avec caméra cachée. Ce qu’on dévoila, images à l’appui, après sept semaines d’espionnage, dépasse l’entendement. Des actes d’une cruauté extrême : euthanasies bâclées, animaux toujours vivants parmi les cadavres, négligence, manquements à la loi et aux contrats, etc. La population de tout le Québec, mais surtout de la grande région de Montréal, là où le Berger Blanc dessert plusieurs villes et arrondissements, était sous le choc. Tristesse, colère, révolte, désolation, incrédulité. Le scandale du Berger Blanc venait de nous frapper en plein cœur. Rien ne peut excuser la cruauté et les pratiques immorales de cette compagnie. Je condamne fortement ces actes de pure torture. Mais ce scandale est, selon moi, le simple symptôme d’une maladie encore plus grave à laquelle il faut s’attaquer : l’irresponsabilité sans borne des Québécois face à leurs animaux de compagnie. Nous sommes à l’origine de cette horreur, nous sommes la cause de cet enfer. Et ça me met très en colère.

Je m’adresse ici à tout le monde en général et à personne en particulier.  Si le chapeau vous fait, mettez-le! Et je vous avertis, je ne serai pas tendre. Mes commentaires seront à la hauteur de ma colère. Libre à vous de lire ou non, d’être d’accord ou non, de vous sentir visés ou non; libre à vous de m’haïr ou de m’aimer. Mais je dirai ce que j’ai à dire pour servir la cause animale.

Je vous pose donc d’abord ces questions :

Comment pouvons-nous nous insurger devant une telle horreur sans nous remettre en question, alors que nous abandonnons lâchement 500 000 animaux par année au Québec? Québec : 8 millions d’habitants/ 500 000 abandons. France : 64 millions d’habitants/ 100 000 abandons. Situation 40 fois pire ici! Honteux.

Comment pouvons-nous mettre tout le blâme sur le Berger Blanc sans nous inclure dans le problème, alors que nous achetons impulsivement nos animaux dans les animaleries et petites annonces, fiers partenaires des usines à chiots et chatons? Québec : 1800 usines à chiots, produisant 400 000 chiots par année. Nous encourageons les élevages intensifs. Pas fort.

Pourquoi produire, ou encourager la production, alors que nous avons des milliers d’animaux dans les refuges et les fourrières, comme le Berger Blanc, tués quotidiennement? Seulement 12% des chats et 6% des chiens sont adoptés en refuge. Ils y ont pourtant été «dompés» à 100% par nous. Pas de quoi être fiers. Pourquoi ne pas adopter ceux qui ont été abandonnés? Ce sont pour la plupart de bonnes bêtes qui sont tout simplement tombées sur des maîtres irresponsables. Et beaucoup d’entre elles n’ont même pas un an… On produit des animaux qu’on tue à l’intérieur de la même année! On les laisse crever dans les fourrières et on en fait d’autres. Révoltant. Incompréhensible.

Combien de fois devrons-nous nous faire répéter et dans combien de langues qu’il y a un grave problème de surpopulation animale au Québec pour que nous comprenions enfin que la stérilisation est essentielle? Pas de budget pour ça? Si vous n’avez pas d’argent pour faire stériliser, vous n’en avez pas davantage pour faire soigner. Vous ne devriez donc pas avoir d’animaux. Point. Quand comprendrons-nous, effectivement, que laisser nos animaux avoir des portées aggrave le problème? On trouve ça «cute» des bébés? On veut arrondir nos fins de mois? Les statistiques démontrent pourtant clairement que sur une portée de cinq ou six chiens ou chats, quatre seront soit abandonnés, soit maltraités, ou bien tués en chambre à gaz ou encore captifs d’une usine à chiots ou chatons. Ouais…«c’est ben cute». Et s’ils sont chanceux et trouvent de bons foyers, alors ceux en refuge attendant qu’une famille vienne les chercher trouveront plutôt la mort. Insensé et stupide.

À chaque fois que je vois une annonce visant à vendre ou à donner des chatons ou des chiots, je suis en colère et triste. Encore une portée pour ajouter à la surpopulation. Je sais que l’avenir de ces nouveau-nés est loin d’être beau. Je sais que la majorité d’entre eux vont subir la médecine des irresponsables Québécois que nous sommes. Je sais qu’ils peupleront éventuellement les fourrières et seront tués prématurément. Pure inconscience.

Tiers-Monde nord-américain des animaux de compagnie, capitale nord-américaine de la cruauté animale, paradis des usines à chiots. Titres québécois mérités grâce à nos mentalités arriérées en matière de gestion animale. Oui, nous sommes des arriérés! On garde nos animaux en moyenne 19 mois alors qu’ils vivent de 10 à 15 ans!!!!!  On fait vraiment dur.

1er juillet…jour des déménagements.

1er juillet…jour des abandons au Québec (près de 50% des abandons annuels ont lieu lors des déménagements). Crise annuelle dans les refuges. Pire à chaque année.

Petit texte lu sur Facebook :

« Ben voyons donc, c’est juste un chat ! » On met la dernière boîte dans le camion, on finit sa bière et on ferme la porte de l’appartement qu’on quitte. Derrière cette porte, le vide, la poussière et l’écho d’un miaulement : celui du chat qu’on abandonne à son sort, parce qu’on a fini de tripper « chat » , parce qu’on n’a plus envie de s’en occuper, parce que… parce que quand on est irresponsable et irrespectueux envers les animaux, on agit de la sorte ! Un animal, ce n’est pas un bien ou un meuble qu’on laisse froidement derrière nous, c’est avant tout une vie que l’on se doit de respecter, alors si vous n’êtes pas sûr de vous en occuper pour toute sa vie, n’en adoptez pas !!

 

Cette maladie qu’on appelle irresponsabilité se traduit par des scandales comme celui du Berger Blanc.  Des fourrières à but lucratif, il y en a 77 au Québec. La même horreur derrière les murs pour la plupart : chambres à gaz, euthanasies à la chaîne et bâclées (Berger Blanc seulement: de 80 à 200 euthanasies par jour), cages insalubres, animaux négligés, etc. Au Québec, on produit et on tue. On tue parce qu’on produit trop. On achète et on abandonne. On abandonne parce qu’on achète sans réfléchir. On achète au lieu d’adopter. C’est ça des arriérés. C’est nous. Êtes-vous fiers? Vous sentez-vous concernés? Visés?

Le jour où les Québécois prendront leurs responsabilités à l’égard de leurs  compagnons à quatre pattes, alors les fourrières et les refuges se videront, reprenant leur mission première : loger un animal temporairement sans foyer ou perdu.  Le jour où nous cesserons d’abandonner nos animaux à la pelle dans les fourrières ou même dehors, alors les euthanasies à la chaîne cesseront (sachez que 80% des abandons se soldent par l’euthanasie). Ces milliers de bêtes en fourrière n’arrivent pas de nulle part! Nous sommes responsables de cette surpopulation.  Nous sommes responsables du scandale du Berger Blanc. Si on ne fait pas partie de la solution, on fait partie du problème. En négligeant de faire stériliser, en achetant au lieu d’adopter, en abandonnant pour n’importe quelle foutue raison, nous encourageons et enrichissons les propriétaires de fourrières et d’usines à chiots et chatons qui se nourrissent de la surpopulation animale et de notre ignorance. Nous encourageons carrément producteurs et tueurs. Produire et tuer. Mentalités d’arriérés.

Et que dire de notre gouvernement amorphe. Pas de ressources, pas de lois, pas de plan, pas de vision. Pas très dur de comprendre pourquoi on en est rendus là. Partout ailleurs, on se réveille et on agit. Ici, on dort au gaz, on se met la tête dans le sable. Moins compliqué. Peuple tout aussi amorphe. Pétitions? Trop long. Manifestations? Trop compliqué. Lettre à nos élus? Trop dur. On ne va pas chier loin avec une telle mobilisation comme on dit! Faut croire que des images comme celles du Berger Blanc, on veut en voir encore… Si [comme a dit Gandhi] «on reconnaît la grandeur d’une nation et d’une personne à la façon dont elle traite les animaux», alors au Québec, on est bien petits. Minuscules. Minus.

Nous sommes le problème. Le scandale du Berger Blanc est le simple reflet de notre gestion animalière, personnelle et collective, lamentable. Un changement de mentalités s’impose. Cessons de simplement nous insurger devant la cruauté animale et changeons nos comportements. Évoluons merde! Soyons enfin responsables! La recette est si facile. Suffit d’être logique et surtout d’écouter son cœur : RÉFLÉCHIR-ADOPTER-STÉRILISER-NE PAS ABANDONNER.

Au nom de tous ceux qui n’ont pas de voix pour crier à l’aide, je vous dis merci de faire dorénavant partie de la solution, merci d’évoluer. Et un gros coup de cœur à tous ceux qui font déjà leur part en étant responsables, renseignés et conscientisés. Vous avez tout mon respect.

Par Danielle Doyon

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